HISTORIQUE

Comme beaucoup de statues en bronze, la statue d'Arago a été fondue par les Allemands en 1942 sur la base d'une liste établie par l'Etat Français. Mais elle n’a jamais été refaite, alors que la plupart des autres statues parisiennes et autres l’ont été. C’est ainsi que la statue d’Arago érigée en 1865 dans sa ville natale d’Estagel (Pyrénées Orientales), fondue également en 1942, a été remplacée en 1955 par une nouvelle statue faite par le sculpteur Marcel Homs (1910-1995). Une statue d’Arago par Antonin Mercier orne également depuis 1879 la place centrale de Perpignan où il a fait ses études secondaires. A Paris, son socle reste désespérément vide.

En 1955, dans Rendez-vous avec Paris, Gérard Bauer (alias Guermantes) écrivait : "Le mur gris du boulevard Arago, avec son socle sans statue, - adieu M. Arago ! ... Ces socles sans statues, quel veuvage imprévisible !..." En 2014, Claude Catala, X 1977, président de l’Observatoire de Paris, confirme : « La disparition de la statue de François Arago en 1942 a porté un immense préjudice à la mémoire de ce grand savant, qui a joué un rôle majeur dans l’histoire de l’Ecole Polytechnique, dans celle de l’Observatoire de Paris mais aussi dans l’histoire des sciences et dans l'histoire politique de notre pays ».

Depuis 70 ans, divers projets ont été envisagés afin de remettre une statue d’Arago sur son socle vide mais malheureusement aucun n’a abouti à ce jour et même le projet de faire une copie de l’ancienne statue a été écarté en 1992 au profit d’une œuvre nouvelle par une commission réunissant des représentants de la ville de Paris, du ministère de la Culture et de l’association François Arago, présidée par l’astronome Jean-Claude Pecker. C'est ainsi que, à la suite d’un concours international lancé par la ville de Paris et le Ministère de la culture dans le cadre d’une commande publique, l’artiste néerlandais Jan Dibbets a déployé en 1994 un hommage à Arago sur l’ensemble du territoire parisien, sous forme de 135 médaillons en bronze de 12 cm de diamètre fixés au sol le long du méridien de Paris du périphérique nord au périphérique sud. C'est ainsi qu'on trouvera ci-après le résumé de sa proposition de 1992 Attach:proposition.pdf ; le contrat d'études passé par la Ville de Paris en mai 1992 Attach:contrat.pdf ; le marché final passé en avril 1994 Attach:march.pdf .

Force est pourtant de constater que cette œuvre est peu visible aux yeux de la population parisienne et qu’elle a déçu les nombreux admirateurs d’Arago. Elle est au surplus bien fragile, de nombreux médaillons ayant disparu au fil des ans suite à des réfections de trottoirs ou de simples larcins (ci-dessous médaillon de la rue Auguste Comte lors de sa pose et ce qui en restait en avril 2014).

avant maintenant

De ce fait l’Observatoire de Paris a depuis 1994 été à plusieurs reprises sollicité pour participer à des projets de restitution de la statue originale. Le dernier en date (2005-2009), fortement soutenu par l’ancien président de l’Observatoire, Daniel Egret, ainsi que par l’Institut et par la Mairie du XIVème, a buté sur un obstacle artistique et sur un problème financier.

Sur le plan artistique, certains pensaient que le socle vide ferait partie intégrante de l'oeuvre de Dibbets et qu'il s'opposerait au retour de la statue d'Arago sur son socle. En fait, il s'est déclaré enthousiaste à cette idée et a même accepté au début de 2015 de faire partie du jury chargé de sélectionner le nouveau projet, avant de faire machine en arrière en fin d'année, obligeant à abandonner l'idée d'une statue sur le socle au profit d'une statue sur le sol de la place de l'Ile de Sein.

Sur le plan budgétaire, il est vrai que le coût de réalisation d’une copie de l’ancienne statue, comme celui d'une oeuvre nouvelle, s’élèverait à près de 350.000 € et que les finances publiques ne sont pas florissantes. Cependant le 150ème anniversaire de l’Association des anciens élèves de Polytechnique (2015) peut être une occasion de levée de fonds pour rendre hommage à un glorieux ancien qui en a été élève, professeur, directeur et parrain, sans parler du regain d'intérêt public pour l'astronomie suite à la récente équipée de l'ESA sur la comète Tchouri et de la prochaine célébration du 350ème anniversaire de la création de l'Observatoire de Paris (1667) et de l'Académie des Sciences (1666).


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